Synergy MMA : jiu-jitsu brésilien à Bali

Lorsque l’on évoque Bali, on pense avant tout à ses paysages exotiques, ses rizières et sa douceur de vivre. Pourtant « l’île des Dieux » est aussi une destination pour le jiu-jitsu brésilien et le MMA. Pour découvrir cet aspect de Bali, je vous invite à Kuta pour rencontrer Niko Han, fondateur de Synergy MMA.

Synergy Jiu-Jitsu Bali

C’est au cœur des rues animées de Kuta que se situe Synergy, au 1er étage d’un immeuble. Le gymnase est entièrement équipé pour la pratique du jiu-jitsu brésilien et du MMA : sacs de frappe, tatamis, cage… Rien ne manque !

Voici notamment une vidéo de présentation de Synergy MMA :

Dans la chaleur tropicale, je monte sur le tapis pour mes premières séances de no-gi (dans un gymnase clairement orienté MMA, j’étais un peu intimidée…). Trois semaines d’entraînement où entre visites de temples et sessions de surf, j’ai côtoyé des expatriés, des balinais ou des touristes de tous horizons, réunis sur les tapis dans une ambiance studieuse et décontractée (boardshort et rashguard de surf de rigueur).

Des débuts avec les grands noms du BJJ et du MMA

Niko Han présente les techniques avec pour objectif premier, la recherche de l’efficacité en combat ! Une approche qu’il a développée au travers d’un parcours atypique.

C’est en effet bien loin de l’Indonésie que Niko Han a fait ses premiers pas en jiu-jitsu brésilien. Parti étudier à l’université à Los Angeles, il débute le BJJ en 1996 avec Rickson Gracie et reçut sa ceinture bleue des mains de Rickson en 1997. Il a ensuite poursuivi son entraînement dans plusieurs académies au fil des années (dont le Beverly Hills Jiu Jitsu Club, les académies Jean Jacques Machado ou Cobra Kai).

Niko Han privilégie l’ouverture d’esprit à l’autorité et au dogmatisme. Une qualité essentielle qui « permet de faire constamment évoluer une discipline ». Une motivation qui l’a amené à se prendre de passion pour la lutte, à pratiquer la boxe et le MMA. Un parcours éclectique et dédié aux arts martiaux qui l’entrainera à pratiquer le jiu-jitsu brésilien et le MMA avec d’autres grands noms : Marc Laimon (qui lui remit sa ceinture noire), Jean-Jacques Machado, Eddie Bravo ou Tito Ortiz.

Le meilleur de chaque art martial se retrouve dans le MMA

C’est cette « Synergy » que Niko apprécie tout particulièrement. Les enchaînements de techniques complexes ne l’intéressent pas tant que l’exécution de techniques efficaces dans des situations réelles.

Dans ses cours de jiu-jitsu brésilien, Niko enseigne alors des techniques de son propre cru ou celles utilisées par des combattants de MMA célèbres (testées et approuvées !). Il nous présente deux variantes de son Indo Pretzel :

Indo Pretzle, étranglement depuis la monte :

Indo Pretzle, étranglement en triangle et écrasement de nuque :

Leçon n°1 en jiu-jitsu: ne pas oublier de se protéger

L’approche de Niko est très intéressante. Il inclut dans ses cours les coups et leurs défenses (éviter les coups de pieds lorsque l’on fait une clé de cheville par exemple… évident ? Oui, mais parfois négligé…). Des détails que j’ai immédiatement pu mettre en pratique lors de combats à thème. Pour travailler des sorties de position montée, Niko demandait à ce que le partenaire en position supérieure portent de légers coups à la tête (maximum 10% à 20% de force) s’il y a des ouvertures.

Cet exercice a été une véritable prise de conscience pour moi (rassurez-vous, je ne suis pas sortie avec des yeux au beurre noir pour autant !). Face à ce paramètre nouveau (et pourtant tellement réel…), je me sentais débordée et pour être honnête, un peu paniquée. Après plusieurs années de pratique de jiu-jitsu orienté compétition (et à se concentrer sur le marquage des points et des avantages dans les règles IBJJF…), je me suis rendue compte que j’en avais oublié des réflexes essentiels tels que protéger mon visage ! N’est-ce pas l’essence du jiu-jitsu ?!

Un constat qui fait sourire Niko et ses élèves car il est loin d’être unique ! Beaucoup de pratiquants de passage à Synergy perdent leurs moyens sur ce type exercice (même des ceintures marron et noires !). Ils protègent uniquement leur cou pour éviter les étranglements et ont ainsi des réflexes « contre-nature ». « Frappez une noire ceinture noire, elle devient une ceinture marron, frappez-la encore une fois, elle devient une ceinture violette… », disait Carlson Gracie.

Même si les cours à Synergy sont orientés No-Gi, Niko reconnaît la place importante de l’apprentissage du jiu-jitsu brésilien en Gi. Pour lui les grips sont plus forts et constituent de bons outils pour travailler la technique. Le No-Gi quant à lui est beaucoup plus dynamique, plus proche du combat réel et requiert plus de précision.

Une pédagogie du BJJ axée sur les soumissions

La pédagogie utilisée par Niko est totalement lié à la réalité du combat, le self-defence, et s’éloigne de l’enseignement basé sur les « règles IBJJF». Alors que la progression « classique » interdit l’usage de certaines techniques selon la ceinture, Niko prend le parti d’enseigner toutes les soumissions quelque soit le niveau de l’élève. Il explique ainsi le mécanisme des différentes soumissions et forme ses élèves à les maitriser : savoir appliquer la pression progressivement (pas besoin d’arracher le bras quand on fait une clé…), les défendre et aussi savoir quand abandonner avant de se blesser !

Les détracteurs de cette méthode me diront qu’il y a d’autres techniques à apprendre à un débutant avant certaines soumissions. Il y a notamment des bases à maîtriser et des timings à acquérir (passage de garde, renversement etc. ; tous d’ailleurs enseignées et très bien maîtrisés par les élèves chez Synergy!). Toutefois, interdire certaines techniques et ne pas utiliser une approche pédagogique similaire comporte plus de risque de blessures.En effet, qui n’a jamais connu un débutant (ou un bourrin…) qui a trop regardé des vidéos de MMA ou même de jiu-jitsu sur internet et qui tente des clés à l’arrachée ? Nombreux sont aussi ceux qui se sont blessé sur une soumission qu’il ne savait pas défendre par ce qu’elle n’était pas autorisée dans les catégories de ceintures inférieures.

Plus qu’une pédagogie, c’est une philosophie que Niko souhaite transmettre. Avec un choix de techniques plus large, cette méthode invite aussi à ouvrir son jeu. Elle encourage à conserver l’ouverture d’esprit et le réalisme qui sont les forces du jiu-jitsu brésilien (et à l’entrainement exit les frustrations face à des répliques du type « oh mais t’as pas le droit de faire cette technique !…»).

Niko Han : promoteur du jiu-jitsu brésilien et du MMA en Indonésie

Une démarche déployée dans tous ses clubs (environs 30 en Indonésie, 1 en Chine, Allemagne et Royaume-Uni !) et également étendue en compétition (Niko est aussi le fondateur de la Fédération Indonésienne de Jiu-jitsu brésilien et de Grappling !). Formés aux différents types de soumissions, les arbitres indonésiens sont autorisés à stopper le combat si le « soumis » refuse de taper et une blessure est imminente. Un point d’autant plus important que dans les compétitions que Niko organise, seules les victoires par soumission comptent (Gracie Rules) !

Niko est aussi un promoteur actif du MMA dans la région. Il organise de nombreux événements et forme de nombreux athlètes. J’ai notamment pu assister à la préparation du combat de Casey Suire pour le One FC 12 (impressionnant !). Son élève et instructeur à Jakarta Fransino Tirta (ceinture noire de BJJ sous Niko) est quant à lui devenu une icône du MMA Indonésien. Invaincu en Legend FC, il vient de signer avec la ligue One FC pour une nouvelle série de combats .

Un héritier du Gracie jiu-jitsu

Vous l’aurez compris, mon séjour à Bali aura été marqué par la rencontre d’un personnage fascinant. Fidèle à ses valeurs, il a su propager l’essence du jiu-jitsu brésilien tout en restant ancré dans la modernité. Un travail reconnu par ses pairs : lors de sa dernière visite à Bali, Rickson Gracie a convié Niko Han à son hôtel pour une séance privée d’invisible jiu-jitsu, les concepts aujourd’hui enseignés par Rickson et son fils Kron Gracie. Et il a chargé Niko de transmettre ce savoir précieux à ses élèves. Oss !

Un grand merci à Niko et à tous les membres de Synergy MMA pour leur chaleureux accueil !

Synergy MMA, académie de jiu-jitsu brésilien à Bali sous Niko Han

Après l’entrainement ?

La douceur de vivre balinaise se savoure ! Qu’il s’agisse de la cuisine locale ou des fameux massages et soins balinais. L’île offre de nombreux sites à visiter pour ses temples et palais (ceux d’Uluwatu, du Tanah Lot, mes préférés) ou son artisanat (à Ubud tout particulièrement). Sa nature vaut également le détour ! Ses plages bien entendu, ses spots de surf mondialement réputés ou de snorkeling (je vous conseille le village de pêcheurs d’Amed !) mais aussi ses rizières. Surtout n’hésitez pas à vous éloigner des sentiers battus et des centres touristiques que sont Kuta et Seminyak.