Et si le jiu-jitsu brésilien s’ouvrait plus aux femmes?

Si vous pratiquez le jiu-jitsu brésilien, vous constaterez aussi un faible nombre de femmes dans la discipline. Bon pour le self-defense, la condition physique et le mental, le BJJ ne séduit pourtant pas les femmes. Que faire alors pour rendre le jiu-jitsu plus populaire auprès des femmes?

Les atouts du jiu-jitsu brésilien pour les femmes

Un bon moyen de self-defense

En situation d’agression, la force physique d’un homme sera toujours supérieure à celle d’une femme. Et oui, mesdames mettez de côté votre égo de femmes libérées et féministes, car en cela nous sommes réellement plus faibles. Et c’est cette particularité qui fait que le jiu-jitsu brésilien nous est parfaitement adapté !

Petit rappel sur le concept de base du jiu-jitsu brésilien : permettre à une personne de moindre corpulence (nous les filles par exemple) de résister face à un adversaire plus grand et plus fort (monsieur biscotto) et même de l’emporter. Plus sérieusement, cela correspond à la plupart des situations d’agression auxquelles les femmes doivent faire face, notamment les agressions sexuelles.

Et vous savez quoi ?! Une des positions d’attaque/défense les plus fortes au BJJ est celle où vous êtes sur le dos et l’adversaire se situe entre vos jambes. En effet, le jiu-jitsu brésilien a fortement développé son efficacité dans le combat au sol et c’est souvent dans cette position que l’agresseur cherche à vous amener…

Autre exemple :

 

D’ailleurs la réputation internationale du BJJ s’est faite lors des combats de MMA durant lesquels les enfants et petits-enfants d’Helio et Carlos Gracie (des fondateurs du BJJ) ont remporté leurs combats en amenant au sol des adversaires bien plus costauds.

Cardio, gainage, renforcement musculaire : un sport complet !

Oubliez les monotones cuisses/abdo/fessiers (CAF pour les intimes^^) ! Un autre avantage du jiu-jitsu brésilien est que c’est un art martial très complet. Il permet de développer aussi bien le cardio que votre force physique et de sculpter le corps. Encore un argument de magazine féminin ?! Une fois de plus, non. Le BJJ sollicite l’ensemble des muscles du corps ce qui permet de le tonifier et de le gainer.

Développez votre bien-être en toute situation.

Le BJJ aide aussi à mieux gérer son stress et à renforcer sa confiance en soi. Des arguments également pris et repris me direz-vous. Je peux toutefois vous assurer que lorsque vous réussissez à gérer les assauts d’un adversaire qui fait 30kg de plus (voire de le faire taper !), votre self-control et votre confiance en vous sont au top (c’est dans ces moment les filles que vous sentez monter le girl power !). Des effets bénéfiques tant sur le tapis qu’au quotidien.

Alors pourquoi aussi peu de femmes dans cet art martial ?

 

Passer le cap des 1ers entraînements

Un manque important de communication autour du jiu-jitsu brésilien

Voici une des premières difficultés que l’on soit un homme ou une femme. Prenez un peu de recul et demandez-vous comment vous avez débuté le BJJ ? Bien souvent c’est une connaissance qui vous emmène au premier cours. En France le jiu-jitsu brésilien souffre en effet d’un manque de notoriété flagrant. La situation tend à s’améliorer avec la diffusion du MMA, où le jiu-jitsu brésilien est utilisé par la plupart des combattants. Cela n’est toutefois pas représentatif du BJJ et ne devrait pas convaincre beaucoup de filles à monter sur les tatamis.

Dépasser les a priori du combat au corps à corps

Une fois qu’on en a entendu parler, il faut passer outre les nombreuses idées reçues associées au jiu-jitsu brésilien, du type « c’est quoi ce sport où vous faites que des câlins » etc. Cela n’est pas évident pour un homme, alors imaginez ce que se dit une femme au moment d’envisager la pratique de ce sport.

Selon moi, un des facteurs qui explique le faible nombre de femmes au jiu-jitsu est le malaise qu’elles peuvent ressentir. Tester un nouveau sport nécessite de sortir de sa zone de confort. L’enjeu est d’autant plus important que le jiu-jitsu brésilien implique des contacts et une proximité importante avec son partenaire d’entrainement. Il faut alors faire un effort considérable pour se présenter seule au bord d’un tatami et outre-passer ses appréhensions face à un groupe d’hommes (« que vont-ils penser de moi alors que je suis la seule femme… »). Il est bien plus facile de se rendre dans une salle de gym !

La difficulté d’intégrer une team de BJJ

Une fois sur le tapis, le plus dur reste à venir. De manière général, l’accueil est très important car il reflète l’état d’esprit de la team, encore plus lorsqu’il s’agit d’accueillir une femme. Comme pour tout, la première impression est très importante.

Il est nécessaire de guider la nouvelle venue et de la traiter comme un combattant lambda, un combattant de petit gabarit. Cela évitera un malaise réciproque et source de maladresses :

• Des femmes mais pas de femmelettes !

Messieurs, il est très apprécié que vous vous souciez de ne pas nous faire mal, c’est une preuve de respect et de considération. Toutefois nous ne sommes pas des poupées. Nous n’allons pas nous casser sous un contrôle genou par exemple. Lors du travail technique ou en combat jugez de l’intensité à mettre mais ne nous prenez pas non plus avec des pincettes. Sur le long terme, cela peut être frustrant et ne rendra service à personne.

• Eviter les remarques maladroites…

Lors d’un travail technique ou en combat, éviter les remarques du genre «au fait… c’est ma coquille que tu sens…» (Véridique ! Sérieusement, vous diriez cela à un combattant masculin ?!)…

• Un partenaire d’entrainement à part entière !

Ne laissez pas les femmes de côté lors du choix d’un partenaire. Vous vous souvenez de votre tendre enfance, lorsqu’il fallait faire des équipes pour un sport collectif et que vous étiez le dernier choisi ? C’est exactement le même ressenti pour une femme au BJJ. Dépassez votre a priori, travailler ou rouler avec une femme vous permettra de travailler différemment votre jiu-jitsu et surtout de priviliégier la technique !

• De la considération !

N’hésitez pas à discuter avec elles sur le tapis et à les convier aux compétitions ou autres événements du club. Il est vraiment important de montrer qu’une femme fait partie intégrante de la team.

 

Le cap des 6 premiers mois

Un apprentissage exigent

Homme ou femme, les 6 premiers mois au jiu-jitsu sont bien souvent synonymes de galère. En plus de la forte intensité physique de ce sport, on passe son temps à subir les combats… L’épanouissement par le sport, on en est encore loin !

Etre un petit gabarit implique aussi d’utiliser une approche spécifique du BJJ : être plus malin, plus technique et plus rapide pour compenser la différence de poids et de force. Cela demande beaucoup plus de volonté et d’efforts dans l’apprentissage du jiu-jitsu brésilien. Les encouragements seront donc les bienvenus !

La rudesse des premiers combats

Même si la plupart des combattants savent s’adapter à un petit gabarit lors d’un combat, il arrive que certains emploient trop de force. Mesdames, n’hésitez à le leur signaler gentiment, c’est souvent involontaire de leur part.

Pour certains, l’égo peut être démesuré (une minorité cependant, je vous rassure !). Combattre contre une femme ne présente aucun intérêt ou devient une opportunité de se rassurer en montrant leur force et leur virilité. Restez zen, gérez le combat puis évitez de rouler avec eux. Lutter de cette façon ne vous apportera rien. Vous pourrez leur redonner une chance plus tard, le temps d’adaptation est plus ou moins long ! Et puis, cela vous permettra de voir vos progrès !

Les coaches ont aussi un rôle à jouer ! Un bon moyen est de désigner les adversaires des nouveaux venus (valables pour les hommes et les femmes !) pour s’assurer que les combats se passent au mieux pour chacun.

Etre une femme et faire un sport de combat

La présence d’une femme à l’entrainement est également liée à sa sphère privée. Pour une femme pratiquer le BJJ implique un compagnon qui accepte que sa femme combatte au corps à corps avec d’autres hommes… Pour convaincre et rassurer votre chéri, emmenez-le à un cours et montrez-lui que sur le tatami vous êtes considérée comme une simple combattante. Proposez-lui d’essayer, il sera peut-être complètement séduit par le sport (je l’ai fait et maintenant il est aussi mordu de jiu-jitsu brésilien que moi et me soutient beaucoup en tant que bloggeuse) !

 

Comment développer le jiu-jitsu brésilien auprès des femmes ?

Améliorer la relation entre les membres de l’académie

Finalement, outre la notoriété du BJJ qui doit encore se développer, il s’agit essentiellement d’un travail relationnel qu’il faut effectuer. Si vous avez des femmes dans votre académie, demandez-leur leur ressenti et ce qui pourrait être fait pour qu’elles se plaisent mieux. L’environnement d’entrainement est primordial.

Les pratiquantes de jiu-jitsu brésilien : des ambassadrices de choix

Je pense en effet que les pratiquantes actuelles ont un rôle important. Sur le tapis nous devons montrer qu’une femme peut faire du jiu-jitsu et que nous sommes des partenaires d’entrainement à part entière. En-dehors nous sommes des ambassadrices et nous devons contribuer au développement du BJJ féminin. Comment ? Commencez par expliquer ce que vous faites à vos amis et collègues, ôtez les idées reçues et les a priori. Et enfin, montrez l’exemple sur le tapis.

Une nouvelle approche du BJJ pour séduire les femmes ?

Je pense également qu’il est important de cerner les motivations des femmes à pratiquer un sport de combat :

• Mettre l’aspect self-defence plus en avant :

Certaines souhaitent acquérir de réelles notions de self-defense, or ce dernier point est un peu délaissé au profit de l’aspect purement sportif du BJJ. De plus, les cours sont souvent construits par des hommes et pour des hommes de gabarit similaire. Voyez pour adapter vos techniques aux petits gabarits et à tester des séances plus orientées self-defense.

• Intégrer du fitness de façon ludique :

Se défouler, rester en forme, rafermir son corps… Ces motivations peut-être secondaires restent toutefois présentes. Comme les « women classes » ou les « boot camps » proposés par l’académie Gracie Barra, il serait intéressant de proposer des cours dédiés aux femmes où le cardio, le renforcement musculaire sont intégrés de façon ludique. Quitte à souffrir, autant le faire en s’amusant !

 

 

Voici donc quelques pistes pour féminiser le BJJ. Je ne pense pas qu’il y ait une réponse toute faite puisque chaque académie évolue dans un contexte propre. Il me paraît toutefois nécessaire de comprendre et de considérer les motivations des femmes pour créer un environnement où elles se sentent à l’aise et qui leur donne envie de revenir !

Hommes et femmes aborderont et pratiqueront toujours le jiu-jitsu brésilien de manières différentes. Proposer un cadre où les femmes pourront évoluer et rouler avec les hommes permettra alors de progresser ensemble. La diversité et l’ouverture d’esprit du jiu-jitsu ont toujours fait la force de cet art martial !

Le débat reste ouvert ! Je vous invite à partager vos propres expériences ou solutions pour faire en sorte qu’il y ait plus de femmes au BJJ !