JJB et blessure : quand le manque se fait sentir !

Beaucoup de pratiquants de jiu-jitsu brésilien me rejoindront quand j’affirme que cet art martial rend complètement accro. Une fois pris au jeu, les entraînements rythment rapidement notre quotidien et y tiennent une place importante. J’en ai toujours eu conscience mais j’en ai réellement pris l’ampleur lorsque je n’ai plus pu en faire. Il y a quelques mois de cela, je me suis retrouvée aux urgences pour une hernie discale. Rien de dramatique (ce n’est qu’une “petite”… et personnellement je n’ai pas envie de savoir ce qu’est une grosse !) mais le verdict tombe : plus de jiu-jitsu cette saison. Un petit coup de massue pour moi qui n’aie jamais fait de longue pause.

Le jiu-jitsu même en rêve

Art of bjj rêver de jiu-jitsu brésilien lors d'une blessure
C’est donc clouée au fond de mon lit que j’ai compris que j’étais vraiment ACCRO au JJB. Plus que le manque, ce sont certaines de mes réactions qui m’ont surprise. Dès l’une de mes premières nuits de convalescence, je rêvais déjà de JJB et enchaînais les soumissions sur les tatamis…. Alors que je n’étais même pas capable de mettre une chaussette moi-même !

Regarder (trop) de vidéo de JJB

Pour passer le temps, j’ai donc regardé beaucoup de vidéos de jiu-jitsu brésilien. J’étais contente car je prenais enfin le temps de trouver de nouvelles techniques. Je sauvegardais celles que je voudrais travailler plus tard et me crée ma “to do list”… Jusqu’à ce que je me rende compte qu’en à peine quelques jours, ma playlist en comprenait déjà une dizaine ! Là je me suis dit qu’il faudra que je calme le rythme…

La hernie discale : une blessure banale

Entre ces vidéos et quelques épisodes de Grey’s Anatomy (bah oui, on passe le temps comme on peut quand il faut passer ses journées allongée et puis Dr Mamour fait toujours du bien au moral…), j’ai cherché à en savoir plus sur la hernie discale et la pratique du jiu-jitsu brésilien. J’ai lu que LE mestre Rickson Gracie en a eu 7, que son neveu Renner tout comme Tanquinho se sont très bien remis d’hernies discales. Une vraie lueur d’espoir (à moins que ne soit l’effet des antalgiques et décontractants musculaires…). J’ai donc décidé de suivre bon gré mal gré les conseils de ce dernier* :

  1. Rester calme (en même temps, je n’avais pas trop le choix, le moindre mouvement me faisait mal).
  2. Solliciter l’aide d’expert.
  3. Ne pas reprendre avant d’être complètement guéri.
  4. La patience est un trait du jiu-jitsu.
  5. La kinésithérapie est de rigueur (et heureusement compense bien les trous laissés par les entraînements dans mon emploi du temps).

Malgré tout, l’appel du tatami s’est rapidement fait sentir. Dès que possible, je me suis rendue à l’académie pour regarder l’entraînement (mais j’avais laissé mon gi au placard : règle n°4!). Je retrouvais alors l’atmosphère, les copains… et aussi bizarre que cela puisse paraître, même l’odeur du dojo m’avait manqué (là j’ai commencé à me poser des questions…).

Etre en manque de JJB
Regarder l’entraînement pour continuer à apprendre

J’ai passé de nombreuses semaines à regarder l’entraînement, en gardant dans le coin de la tête l’histoire d’Helio Gracie qui apprit le jiu-jitsu en regardant ses frères s’entraîner. Une façon de garder un pied sur les tatamis en suivant le cours, en observant ses amis travailler les techniques et combattre. Un œil extérieur avec lequel on se surprend à corriger mentalement les erreurs de certains ou envisager une suite à la technique du jour. Un substitut qui fait du bien au moral mais qui n’empêche pas d’avoir les mains qui fourmillent de l’envie de tenir un Gi ou de monter sur le tapis.

Passer de plusieurs entraînements par semaine à aucun laisse aussi apparaître le manque de sport. A la blessure, s’ajoute alors  une sensation de mal-être physique et moral. On se sent mou, pas en forme et à fleur de peau (j’en plaignais un peu mes collègues…). Les premiers exercices de rééducation sonnent alors comme l’heure de la délivrance (oui, je sais. Cela fait vraiment accro).

La rééducation partout même au travail.

Pour l’optimiser au mieux j’ai investi dans un ballon de gym pour remplacer partiellement ma chaise de bureau (c’est assez peu commun en France, je peux vous dire que j’en ai fait parler plus d’un !). J’améliore ainsi ma posture (si je suis assise de travers et bien je tombe) et je gaine les lombaires en douceur.

En plus du gainage classique, j’ai aussi intégré des exercices de la méthode McKenzie dans mon quotidien (3x/jour). Cette méthode exerce une pression sur le noyau pour qu’il soit repousser vers l’intérieur du disque (je ne rentrerai pas dans les détails ; vous trouverez plus d’informations sur le site de l’institut McKenzie). Entre le ballon et ma gym, je passe pour un vrai ovni au travail !

Reprendre le sport en douceur

La natation pour la rééducation d'une hernie discale
Le médecin m’a conseillé de reprendre le sport avec une activité douce, natation ou vélo. J’avais donc le choix entre un sport où je m’ennuie et que je trouve peu confortable, et la natation que je n’avais pas pratiquée depuis 10 ans car j’étais traumatisée par mon épreuve du BAC.

J’ai opté pour la natation qui nécessite moins d’équipement et surtout parce qu’avec le nombre de piscine à proximité de chez moi, je ne pouvais pas me défiler ! Un bon choix pour moi : je me suis réconciliée avec ce sport (et non, ce n’est pas grâce au maître nageur), je complète mes exo de gainage et je regagne en cardio. En plus j’ai réussi à convaincre des copains du JJB d’y aller avec moi ! Je n’ai plus d’excuse.

Et pourtant le JJB manque toujours

J’ai donc réussi à compenser mais le manque est toujours là. Alors lorsque l’on ne peut le pratiquer, on se surprend à penser jiu-jitsu dans des situations inattendue. Un copain également blessé me racontait qu’il faisait des drills avec ses coussins alors que moi, assise par terre à un concert, je m’imaginais comment j’attaquerais la personne debout à côté de moi… Il n’y a pas à dire : je vis, je respire, je pense JJB.
Au final,  il n’y a pas de recette miracle pour compenser le manque de jiu-jitsu brésilien. L’écoute de son corps et la patience (règle n°4) restent pour moi les piliers tout au long de la convalescence pour revenir plus fort et le plus longtemps. Et vous comment avez-vous géré lors de pépins physiques ?
*Gracie Mag